Histoire de l’association

La Genèse du projet

Fondée en 1997, notre association a porté un projet ambitieux : installer un nouvel orgue de style baroque, comprenant 15 jeux, en tribune dans l’église d’Is-sur-Tille. Malheureusement, cette initiative n’a pas obtenu l’adhésion des autorités de l’époque. Deux propositions financières différentes ont été faites, mais aucune n’a bénéficié du soutien financier de la municipalité.

Entre 1999 et 2005, malgré le manque de soutien de la municipalité, l’association a réussi à boucler son budget et à trouver des partenaires. Des événements variés ont été organisés, dont des expositions thématiques, des fêtes de la bière et du beaujolais nouveau, ainsi que des repas mycologiques. Une souscription a également été lancée, permettant à chacun d’acheter un tuyau d’orgue gravé à son nom.

Malgré ces efforts, les responsables municipaux sont restés de marbre, et aucune demande de subvention de l’État n’a été déposée par le maire.

De la désillusion à la résilience

En 2006, suite à la cessation des subventions pour les nouveaux orgues en France, la municipalité d’Is-sur-Tille se désiste de tout soutien pour l’installation d’un nouvel orgue. Face à cette situation, l’Association envisage de se dissoudre. Cependant, grâce à l’intervention de Sylvain Pluyaut, professeur d’orgue, ils entrent en contact avec un commanditaire qui importe des orgues d’Angleterre destinés à être démantelés. Après des échanges fructueux et une visite à l’église de Montmirey-le-Château, où un orgue démontre le savoir-faire de l’entreprise, l’association décide d’acquérir un orgue adapté à Is-sur-Tille.

Visite de l'orgue à Montmirey-le-Château
Visite de l’orgue à Montmirey-le-Château

L’orgue provenant d’Angleterre était positionné au sol et manquait de buffets latéraux et arrière. De plus, il utilisait une turbine électrique encombrante et bruyante pour l’alimentation en air, élément impossible à rapatrier en France. L’association a alors fait l’acquisition d’une nouvelle turbine chez Laukhuff, ce qui a permis de réaliser d’importantes économies.

L'orgue avant son démontage en Angleterre.
L’orgue avant son démontage en Angleterre.

En 2010, Après l’importation de l’orgue, il est transporté depuis la demeure du commanditaire jusqu’à Is-sur-Tille. L’organisation du stockage des éléments de l’orgue est soigneusement répartie entre plusieurs personnes et lieux. Les gros tuyaux en bois et la tuyauterie en résineux sont confiés à Hervé et Rose-Line Bolopion. Les tuyaux en métal et d’autres éléments sont entreposés dans une étable prêtée par les sœurs Thielol. Claude et Roland Rousseaux gardent les tuyaux de façade, tandis que le soufflet est stocké dans la sacristie. Le transport est assuré par le camion professionnel de Hervé et Rose-Line BOLOPION ainsi que le C25 de Claude et Roland ROUSSEAUX.

L'orgue en pièces en Angleterre
L’orgue en pièces en Angleterre

Les pièces principales de l’orgue sont déposées en tribune à l’aide d’un Fenwick. Le soufflet, entièrement neuf mais construit sans l’accord de l’association et est facturé après coup par le facteur d’orgue. Une fois le contrat de vente signé, l’association règle la facture. Les pièces maîtresses de l’orgue sont hissées en tribune avec l’assistance du Fenwick prêté par l’entreprise de Transports Hypervolumes Raymond CORDIER. Une partie de l’orgue est temporairement entreposé chez les sœurs THIELOL. Plusieurs membres de l’association, dont Alain AUFFREY, André FAIRISE, Georges SOLDATI, Hervé VUILLARD et Jean GAUTREAU, contribuent avec leur force et leur dévouement.

Opération de levage des pièces de l'orgue.
Opération de levage des pièces de l’orgue.

Entre méfiance, litiges et persévérance

Des retards surviennent dans les travaux, et le commanditaire se fait rare. À un moment donné, il est surpris en train d’installer un autre orgue dans le même entrepôt, mêlant ainsi le matériel de l’orgue d’Is-sur-Tille avec celui d’un autre instrument. Les échanges se tendent, la communication se détériore et face à cette situation, l’association commencent à envisager des démarches judiciaires.

Méfiante à l’égard du commanditaire, l’Association fait inspecter l’état du matériel par un facteur d’orgue, M. Nicolas MARTEL. Le diagnostic révèle que des travaux fondamentaux sont nécessaires sur les pièces essentielles de l’orgue. Les deux sommiers doivent être rénovés, tout comme l’étanchéité globale de l’instrument, nécessitant le remplacement de toutes les peaux. L’association finance progressivement les rénovations indispensables impliquant de nouveau le déplacement de certaines pièces de l’orgue d’Is-sur-Tille vers l’atelier du facteur d’orgue.

Restauration d'une partie des pièces à l'atelier de M. Nicolas MARTEL
Restauration d’une partie des pièces à l’atelier de M. Nicolas MARTEL

Malgré le contrat initial qui stipule que le commanditaire est chargé du remontage de l’instrument, il procède au remontage sans nettoyer ni rénover les pièces de l’orgue. Un chantier désordonné s’installe en tribune et dans l’église, avec un mélange de pièces et un manque d’organisation évident.

En 2011, l’orgue est partiellement remonté sans que les pièces ne subissent de rénovation. Le désordre s’intensifie, avec des tuyaux de façade non restaurés placés pour dissimuler le chantier en cours. Les relations entre le commanditaire et l’association se tendent, entraînant une incompréhension réciproque croissante. Le commanditaire cesse progressivement de se rendre à Is-sur-Tille, laissant l’orgue partiellement assemblé.

Important désordre sur le chantier.
Important désordre sur le chantier.

L’ensemble de la tuyauterie est placé sans être dépoussiéré, remodelé ou verticalisé, puis le commanditaire disparaît. L’association lui a versé un tiers de la somme convenue, mais se retrouve confrontée à des restaurations indispensables non prévues, ce qui diminue ses économies. Le commanditaire réclame le deuxième tiers de la somme, ce qui pousse l’association à engager un procès en justice en 2012. Le commanditaire est condamné, mais fait appel en 2015. En 2017, il est une fois de plus débouté, et bien qu’une assignation en cassation soit envisagée, il est finalement à nouveau débouté.

Résurrection harmonique

À partir de 2018, les travaux sont entrepris par Nicolas MARTEL, facteur d’orgue à Montmirey-le-Château dans le Jura. Il prend en charge le démontage, le transport en atelier et la restauration à la fois en atelier et à l’église. En ouvrant et restaurant les sommiers, il fait une découverte remarquable : des affichettes, des dates et des noms, incluant une mention datant de 1886 concernant la facture d’orgue par BANFIELD, ainsi qu’une dédicace datant de la Seconde Guerre mondiale. Il découvre également des traces de restaurations en 1911, 1996, ainsi que des signatures des facteurs d’orgue ayant œuvré sur l’instrument. Malheureusement, il constate aussi que le commanditaire a écrit partout en encre indélébile sur les bois et les tuyaux.

Étiquette J. Banfield & Son présente dans l'orgue.
Étiquette J. Banfield & Son présente dans l’orgue.

En 2018, le désordre est trié, rangé et envoyé à l’atelier du facteur pour être revu, corrigé et nettoyé. Nicolas Martel reprend tout depuis le début, démontant ce qui a été fait par le commanditaire, qui n’a pas respecté l’ordre logique de remontage d’un orgue. Malgré des conditions de travail difficiles, il œuvre avec dévouement pour restaurer l’orgue.

Parallèlement, en 2018, le facteur d’orgue, estime que la caisse d’insonorisation n’est pas suffisamment efficace. Il décide donc de tout redémonter et de tout recalfeutrer à l’intérieur. Son travail est sérieux, minutieux et patient pendant toute la durée des travaux. Malgré son emploi du temps chargé, il prend le temps d’accueillir et de répondre aux questions des curieux de passage.

Photo de l'intérieur de l'orgue pendant sa rénovation.
Photo de l’intérieur de l’orgue pendant sa rénovation.

En 2019, malgré un cambriolage survenu sur la tribune, les travaux progressent.

La restauration de l’orgue St-Léger d’Is-sur-Tille progresse avec diligence, les travaux avancent et la tuyauterie rénovée est installée. L’orgue a été harmonisé par Chapuis et Nicolas Martel, avec une attention particulière pour chaque détail.

Le processus de restauration est méticuleux et complexe. La tuyauterie est progressivement restaurée en atelier puis remise en place dans l’église. Parallèlement, la restauration et la mise en place des postages se réalisent, ce qui nécessite un travail énorme de recherche pour retrouver la place de chacun sur l’orgue. Malgré l’absence de plan, le remontage de l’orgue par le facteur ressemble à un immense puzzle.

Photo prise en 2018 par Christine et Georges SOLDATI, membres actifs de l'association
Photo prise en 2018 par Christine et Georges SOLDATI, membres actifs de l’association

M. Martel n’hésite pas à démonter et à insonoriser le soufflet de l’intérieur pour obtenir un orgue « silencieux« .

Malgré les défis rencontrés, le travail se poursuit avec sérieux et dévouement, dans le but de restaurer cet orgue historique avec le plus grand soin et de le rendre pleinement fonctionnel pour les générations futures.

L’épopée de l’orgue d’Is-sur-Tille

Les neuf mois de travail intensif se terminent fin juin 2019, symbolisant la gestation de cet instrument restauré. L’orgue est réceptionné par M. Sylvain Pluyaut, professeur d’orgue et organiste cotitulaire à la cathédrale de Dijon.

Bénédiction de l'orgue par le Père Albert ZOUNGRANA.
Bénédiction de l’orgue par le Père Albert ZOUNGRANA.

L’inauguration de l’orgue est préparée avec soin par la municipalité, qui organise affiches, flyers, programmes de concert et invitations. L’événement a lieu le troisième dimanche de septembre, jour du patrimoine, et est marqué par une bénédiction le matin, suivie d’un apéritif offert par la mairie, d’un repas mycologique et d’un concert l’après-midi. Cette journée reste inoubliable pour tous ceux qui y ont participé.

En 2020, l’association a officiellement changé de nom pour devenir « Les Amis de l’Orgue d’Is-sur-Tille » (AOIs), avec un nouveau bureau et un nouvel objectif : faire vivre l’orgue.

Ainsi se termine la première partie de cette saga, marquée par des défis et des obstacles, mais également par une détermination inébranlable et un dévouement sans faille, qui ont finalement permis de concrétiser ce projet longtemps espéré.